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PRISE D’ARCATE

quelque argent à Lally. Il s’employa, après son retour à Pondichéry, à faire les préparatifs de l’expédition de Madras, qui lui tenait tant au cœur. Pour y préluder, il envoya Saubinet recouvrer Trinquemale, qui avait été repris par les adhérents des Anglais : Soupire se porta contre Carangoli ; Grillon marcha contre Trivalore. Tous ces détachements avaient l’ordre de le retrouver à Wandewash. Ce fut là aussi que Bussy[1], auquel il avait écrit le 13 juin, le rejoignit, précédant ses troupes, que conduisait Moracin. Les trois expéditions ayant été couronnées de succès, et les troupes étant réunies, Lally marcha sur Arcate, que le commandant, gagné à Tavance, lui livra aussitôt. IL ne restait plus au pouvoir des Anglais que Chingleput et Conjeveram dans le pays que les Français avaient à parcourir pour arriver à Madras ; leurs garnisons étaient faibles, et tout invitait à attaquer. Le devoir positif de Lally était donc de marcher sur ces deux villes, et surtout sur Chingleput à laquelle sa position sur le Palaur donnait une grande importance pour les Anglais. Il déclare lui-même qu’il ne put opérer ce mouvement parce que l’argent lui manquait, et que les Cipayes refusèrent de marcher avant d’être payés. Il est cependant difficile de croire qu’il ne pût détacher la division de Saubinet ou celle de d’Estaing pour assiéger une place qui, au moment où il entra dans Arcate (le 4 octobre), n’était gardée que par deux compagnies de Cipayes, et dont la capture lui aurait procuré les vivres dont il manquait toujours. Il paraîtrait qu’il ne se rendit compte de l’importance de cette place que quand les Anglais l’eurent considérablement fortifiée et munie d’une garnison suffisante. Ce fut surtout en ce moment, dans la prévision d’un siège prolongé, qu’il sentit combien un secours d’argent lui était indispensable. Sachant qu’une lettre au Conseil de Pondichéry serait infructueuse, il laissa son armée dans des cantonnements, et partit avec Bussy et quelques autres officiers pour Pondichéry, dans l’espoir d’arriver à un arrangement qui rendît possible, non-seulement l’attaque de Chingleput, mais aussi l’expédition contre Madras.

  1. Dans cette lettre, Lally ouvrait son cœur à Bussy. Après avoir expliqué ses desseins sur Madras, il ajoutait : « Je ne vous cacherai pas que Madras une fois pris, je suis déterminé à me rendre, par terre ou par mer, sur les bords du Gange. Je me borne à vous indiquer ma politique en ces cinq mots : Plus d’Anglais dans la Péninsule. »