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FATALE OBSTINATION DE D’ACHÉ

d’exécution autour de Wandewash fussent terminées ; ce fut en vain que le Conseil lui adressa une protestation signée de tous ses membres, rejetant sur lui la responsabilité de la perte de Pondichéry et menaçant de faire de sa conduite l’objet d’un rapport spécial à la couronne. Tout fut inutile. D’Aché, ordinairement si irrésolu et si faible, fut inébranlable sur ce point, et partit pour ne jamais revenir[1]. Les Anglais, renforcés par l’arrivée de trois cents hommes appartenant au bataillon du colonel Eyre Coote, amenés par les quatre navires que commandait le contre-amiral Cornish, décidèrent d’attaquer les cantonnements français sur le Palaur. Dans cette intention, le major Brereton, ayant massé environ deux mille Européens, tenta un coup de main sur Tripatore, le 16 septembre, y fit trente prisonniers, et se transporta rapidement à Wandewash. M. Geoghegan, officier de naissance irlandaise, qui y commandait, en apprenant les premiers mouvements de Brereton, se hâta de rassembler onze cents hommes et de les placer de la manière la plus favorable pour répondre à une attaque. Dans la nuit du 26, Brereton, à la tête de tous ses hommes, tenta d’emporter la place, et obtint, au premier abord, quelque succès. Bientôt cependant, ainsi que Geoghegan l’avait prévu, les troupes se trouvèrent embarrassées dans les rues étroites qui conduisaient de la ville au fort et furent exposées à un feu continu de ce dernier et des troupes françaises qui étaient à l’abri. Les voyant ainsi arrêtées, Geoghegan résolut de tourner leur échec en défaite. À la pointe du jour, il assaillit les Anglais dans les positions qu’ils avaient occupées pendant la nuit, et, après un combat de deux heures, il les en débusqua, en leur faisant subir une perte de onze officiers et de deux cents hommes. La perte des Français fut moins importante quant au nombre ; mais parmi les morts était M. de Mainville, qui avait commandé devant Trichinopoly. Cette victoire aurait pu avoir des résultats importants si la maladie de Lally, l’absence de d’Aché et aussi la prompte arrivée du colonel Coote avec le reste de

  1. Il partit comme il l’avait dit le 17 ; la protestation qui lui fut envoyée le rejoignit en mer ; après l’avoir reçue, il revint à Pondichéry. Mais au bout de cinq jours il partit définitivement. Lally avance que, le lendemain de ce retour, la flotte anglaise passa devant Pondichéry, toute désemparée, et offrant une bonne occasion de l’attaquer ; mais d’Aché s’en abstint.