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DERNIÈRE LUTTE

son régiment n’avaient coïncidé pour en atténuer les effets. Après avoir été repoussés, les Anglais se cantonnèrent dans le voisinage de Conjeveram pour y attendre des renforts.

Lally, sans espoir d’être secouru d’aucun côté, s’était vu amené à chercher des alliances là où il les avait d’abord méprisées. Depuis que Bussy avait quitté le Décan, les affaires avaient pris de ce côté une tournure très-défavorable aux intérêts français. D’abord, Nizam-Ali, le frère de Salabut-Jung, avait fait revivre ses prétentions et convoitait de nouveau le pouvoir suprême ; Salabut-Jung, fidèle à ses anciennes alliances tant que les Français avaient le pouvoir de le secourir, avait, on se le rappelle, marché au secours des provinces cédées ; les Français vaincus, on l’avait vu transférer ces provinces aux Anglais et conclure avec eux un traité durable. Nizam-Ali ayant toujours professé une grande haine contre les Français, et la force des choses neutralisant de plus en plus la puissance de Salabut-Jung[1], l’utilité qu’il y avait à rattacher le troisième frère, Bussalut-Jung, aux intérêts français, devint évidente pour Lally. Bussy, qui avait récemment reçu d’Europe sa commission de commandant en second, proposa à Lally de tenter Bussalut-Jung par l’offre de la nababie du Carnate. Lally, ayant déjà conféré cette dignité au fils de Chunda-Sahib, n’était pas très-disposé à suivre ce conseil ; mais, dans son désir de ne négliger aucune chance favorable dans sa position si difficile, il dit à Bussy de se rendre aussitôt à Wandewash et d’y conclure le meilleur arrangement qu’il pourrait avec Bussalut-Jung.

Depuis le siége de Madras, Bussy, dont la santé était fort altérée, n’avait plus quitté Pondichéry. Cependant, en recevant les instructions de Lally, il partit pour Wandewash, où il arriva le lendemain du jour où les Anglais avaient été repoussés. Ses ordres portaient de se faire reconnaître comme commandant en second, de n’y demeurer que vingt-quatre heures, puis de prendre toute la cavalerie européenne et les trois compagnies d’infanterie, et de se rendre au camp de Bussalut-Jung pour y régler les conditions d’une alliance.

  1. Il peut être intéressant pour ceux qui ont suivi jusqu’ici l’histoire de Salabut-Jung de savoir qu’il ne survécut pas longtemps à l’abandon de l’alliance française. Il fut emprisonné par Nizam-Ali en 1761, et assassiné par son ordre en 1763.