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RÉVOLTE DES TROUPES FRANÇAISES

En arrivant, il apprit l’échec des Anglais, ce qui lui fit modiiier quelque peu ses instructions. Il pensa que les Anglais pourraient bien être préparés à le rencontrer dans la plaine ouverte, et il salua la perspective de les combattre pour son propre compte. Ayant donc réuni toutes ses forces, il repartit, trois jours après son arrivée, pour Tripatore, qu’il prit. Mais ayant bientôt découvert que les Anglais s’étaient retirés à Conjeveram, il renvoya l’armée à Wandewash, ne gardant avec lui que l’escorte ordonnée pour se rendre à Arcate. Il y fut retenu pendant une semaine par les pluies et par diverses autres causes ; puis il partit pour le camp de Bussalut-Jung qui, pendant tout ce temps, attendait avec anxiété son arrivée. À peine était-il en route, qu’il fut rappelé par la fâcheuse nouvelle que l’armée de Wandewash s’était révoltée. Ce n’était que trop vrai : le 17 octobre, à l’aube du jour, à un signal donné, la portion européenne de l’armée française s’était emparée de l’artillerie de campagne, avait abandonné ses officiers et ses étendards, et s’était avancée à six milles dans la direction de Madras. Là, les mutins firent halte et élirent des officiers parmi leurs sergents, en remplacement de ceux qu’ils avaient abandonnés. Un nommé La Joie, sergent-major du régiment de Lorraine, fut nommé commandant en chef. Les nouveaux officiers, après avoir pris toutes les dispositions nécessaires à l’ordre et à la défense du camp, rangèrent leur troupe en bataille et adressèrent une lettre à Lally pour l’informer qu’ils lui accordaient un délai de quatre jours pour réfléchir et payer leur solde arriérée ; qu’à l’expiration de ce délai, ils en arriveraient à des mesures extrêmes, si leurs demandes n’étaient pas satisfaites.

Le fait est que les soldats, qui ne touchaient pas de solde depuis dix mois, avaient été abusés par le bruit, répandu à dessein, que Lally venait d’expédier sur une frégate un trésor qu’il s’était amassé. Heureusement que le sergent-major La Joie était tout dévoué à son général, et n’avait accepté son grade que dans l’intention de faire promptement rentrer les révoltés dans le devoir. Ses efforts en ce sens furent secondés par la conduite prudente de Lally. Il était au Conseil lorsqu’il reçut la nouvelle de cette révolte ; il fit aussitôt appel au patriotisme de ses membres pour que, dans cette situation urgente, ils l’assistassent de leurs souscriptions, et s’inscrivit