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DERNIÈRE LUTTE

dix-neuf cents Européens, dont quatre-vingts cavaliers et mille trois cents cinquante indigènes[1]. En apprenant des vedettes mahrattes que les Anglais s’approchaient, Lally se hâta de ranger ses hommes sur une seule ligne ; sa gauche, appuyée à une fontaine, était protégée par un retranchement ; elle formait un angle obtus avec sa ligne, et commandait le terrain par lequel l’ennemi devait passer. Le retranchement était gardé par des marins et armé de deux pièces de canon ; son centre n’avait pas d’appui, mais à quatre cents mètres en arrière, il existait deux défilés protégés par une chaussée et gardés par cinquante hommes avec deux canons. Ces cinquante hommes étaient alignés devant l’entrée des défilés de manière à figurer une réserve destinée à soutenir la première ligne. Les pièces d’artillerie, au nombre de seize, étaient rangées entre les régiments, et la cavalerie était à droite ; Lally commandait le centre et Bussy la gauche. Coote, par une suite d’habiles opérations, avait réussi à se rendre maître d’une position qui lui permettait de forcer le combat. Dès qu’il eut reconnu les dispositions prises par les Français, il rangea ses troupes en ligne de bataille et marcha en avant. Il commandait lui-même la première ligne composée de son propre régiment et d’un bataillon de Cipayes : venaient ensuite les deux régiments de la Compagnie et celui du colonel Draper sur la gauche. Sa position était oblique par rapport à celle des Français, et quand il s’approcha, les canons voisins de la fontaine ouvrirent leur feu ; Lally, croyant remarquer quelque confusion produite par ce feu dans la gauche anglaise, jugea le moment opportun pour charger avec la cavalerie. Il lança son cheval au galop pour gagner la droite, et, se plaçant à la tête de la cavalerie, il commanda la charge. Pas un homme ne bougea ! Lally, attribuant cette inaction au mauvais vouloir de l’officier commandant, le cassa sur-le-champ, et donna l’ordre au commandant en second, d’Aumont, de le suivre. Celui-ci refusa également. Lally le mit aux arrêts et, s’adressant aux soldats eux-mêmes, leur commanda de charger. M. d’Héguerty s’avança aussitôt avec l’escadron de gauche, s’écriant qu’il serait honteux d’abandonner le général ;

  1. Nous avons puisé ces renseignements dans les rapports de Lally pour les Français, et dans l’ouvrage de M. Orme pour les Anglais.