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DÉFAITE DE WANDEWASH

tous le suivirent alors. Lally fit un détour pour prendre en flanc le corps ennemi ; il n’en était plus qu’à cent mètres et chassait devant lui la cavalerie anglaise, lorsque Draper, averti du danger par le retard qu’avait causé dans la marche des Français le refus d’avancer, amena deux pièces chargées à mitraille, et en ouvrit le feu sur la cavalerie française ; il fut si bien dirigé que quinze hommes du premier rang tombèrent immédiatement ; les Anglais n’auraient certainement pas eu le temps de recharger si les Français avaient continué d’avancer ; mais la confusion se mit parmi eux, et ils s’enfuirent en abandonnant leur chef. Lally, ainsi laissé seul, se tourna vers l’infanterie du centre sur laquelle tiraient déjà les canons anglais de l’autre partie de la ligne ; il les trouva impatients d’avancer : se mettant à leur tête et les formant en colonne, il marcha contre les Anglais. Sans égard pour le feu qui éclaircissait ses rangs à mesure qu’elle avançait, la colonne française chargea, et son poids rompit la ligne anglaise qu’elle attaquait. La portion qui était restée entière se réunit sur le flanc de la colonne, où elle répandit le désordre. Les soldats se trouvèrent alors si rapprochés les uns des autres qu’il s’engagea un combat corps à corps, dont le résultat était encore douteux quand un funeste accident, arrivé sur la gauche de la ligne française, vint décider du sort de la journée.

Nous avons dit que la position de Lally avait pour point d’appui, à son extrême gauche, une fontaine devant laquelle se trouvait un retranchement formant angle obtus avec sa ligne de bataille. Sur ce retranchement avaient été placées deux pièces d’artillerie faisant un feu continuel sur les Anglais. Tant que Lally put s’y maintenir les opérations de l’autre partie de la ligne n’avaient qu’une importance secondaire, car les Anglais, même victorieux, n’eussent pu continuer le mouvement en avant sans exposer leur flanc. Mais un boulet tombé dans le retranchement fît sauter une voiture de poudre ; le chevalier de Poëte fut tué, et quatre-vingts hommes furent mis hors de combat. Cet accident causa une panique telle que les marins s’enfuirent, abandonnant leurs canons, et ne s’arrêtèrent que quand ils se virent à l’abri derrière la droite. Coote s’étant aperçu de ce qui se passait, ordonna à Brereton de s’empa-