Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/488

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
468
DERNIÈRE LUTTE

rer du retranchement ; avant que cet ordre eût pu être exécuté, Bussy, qui commandait la gauche, rallia en toute hâte cinquante ou soixante hommes du régiment de Lally, et occupa le retranchement : il arriva à temps pour faire une décharge sur les Anglais qui s’approchaient précipitamment ; Brereton fut tué, mais ses hommes ne s’arrêtèrent pas, et, par leur intrépidité, enlevèrent le poste. Tandis qu’ils s’emparaient ainsi de la clé de la position des Français, la gauche anglaise, délivrée de la cavalerie ennemie, avait marché au secours de son centre et était tomhée sur la droite de la brigade de Lorraine. Ce corps, attaqué de front et de flanc, voyant la perte éprouvée sur la gauche, dut se replier en désordre, après avoir perdu son commandant et de nombreux officiers, mais après s’être couvert de gloire. Bussy avait rallié le régiment de Lally pour tenter de reprendre la position perdue et regagner la bataille ; mais, pendant qu’il faisait une charge à la baïonnette, il eut son cheval tué sous lui, et fut fait prisonnier. La brigade ayant ainsi perdu son chef, attaquée en face par une force supérieure, décimée par l’artillerie, menacée sur son flanc droit par la gauche et le centre de l’ennemi, finit par céder et abandonner le terrain. Sur ces entrefaites, la cavalerie française, revenue de sa panique, se plaça en avant et s’interposant entre l’infanterie qui reculait et les Anglais qui avançaient, suspendit la poursuite. Les Français purent alors se rallier à moins d’un mille du champ de bataille et se faire rejoindre par le corps qu’ils avaient laissé devant le fort de Wandewash.

Telle fut la bataille de Wandewash. Par le petit nombre des troupes engagées de part et d’autre, elle devrait être classée parmi les batailles de second ordre ; et cependant, à cause de ses conséquences, elle peut être mise au rang des batailles décisives, car elle porta un coup fatal à la domination française dans l’Inde. Elle ruina de fond en comble l’édifice important que Martin, Dumas et Dupleix avaient successivement élevé ; elle anéantit toutes les espérances de Lally, et scella la destinée de Pondichéry. Après elle, la supériorité sur le champ de bataille que les Français avaient conservée dans le Carnate pendant cette guerre, devint l’apanage des Anglais. Elle fut la cause que Lally, d’assiégeant