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CONDUITE DE LALLY

qu’il était devant Madras, eut la douleur de devenir assiégé dans Pondichéry.

La conduite de Lally, dans cette affaire, les dispositions qu’il prit, le fait même d’avoir livré bataille, ont été sévèrement condamnés par ses détracteurs. Le critique militaire et impartiale doit lui rendre justice sur tous ces points : son plan était le meilleur qu’il pût adopter ; après avoir entraîné Coote, par une habile manœuvre, loin de la ligne de Palaur, il assaille Wandewash, prend la ville, et s’il eût été bien secondé, il prenait aussi le fort. Déçu de ce côté, il se détermine à accepter le combat sur un terrain qu’il avait étudié et choisi. Sans aucun doute, c’est une dangereuse politique que de livrer une bataille quand la ruine doit suivre une défaite ; mais, pour Lally, la bataille était inévitable. Avec des ressources aussi restreintes que les siennes, il n’avait pas les moyens de faire une guerre de manœuvres, dont le résultat inévitable devait être une retraite sur Pondichéry, suivie d’un siège de cette ville. Cette issue étant inévitable, il eut assurément raison de faire la tentative hardie de s’y soustraire.

Mais revenons à sa conduite dans l’action. Ce n’est certes pas lui qui doit être blâmé pour les fautes de sa cavalerie. Si elle l’avait suivi, il aurait, dit-il, causé un si grand désordre dans les rangs anglais, qu’une charge d’infanterie aurait certainement complété la déroute. Il ne peut non plus être responsable de l’explosion qu’il ne pouvait prévoir et qui, en faisant évacuer le fort, amena la perte de la bataille. Ses dispositions étaient bonnes ; le retranchement était une sorte de pivot autour duquel devait manœuvrer son armée, et s’il avait été conservé, Lally ne pouvait être battu. Ce n’est pas la première fois que de semblables accidents ont influé sur le sort des batailles, sans que pour cela la haine et la prévention aient déversé le blâme sur le commandant.

Le reste de la campagne peut se rapporter en un petit nombre de pages. Le lendemain, Lally rétrograda jusqu’à Chittaput, emportant tous ses blessés ; de là, il envoya à Arcate les Mahrattes et les troupes indigènes, puis se retira sur Gengi ; mais les Anglais étaient plus rapprochés que lui de Pondichéry ; il fit une contre-marche sur Valdour, qui n’en était éloigné que de quinze milles : de là, il