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DERNIÈRE LUTTE

sur les habitations ; elles furent rendues quand l’Angleterre, mettant à profit un temps précieux, se fut solidement enracinée dans le sol. La différence qui existait dans la puissance et la force des établissements rivaux, se vit clairement en 1778 lorsqu’à la rupture de la paix entre la France et l’Angleterre, Pondichéry fut sur-le-champ investi et pris par une armée britannique[1]. Il est bien vrai que pendant cette guerre les Français firent un effort désespéré pour tirer parti des malheurs de l’Angleterre en Amérique, en envoyant dans l’Inde trois mille hommes sous Bussy et une flotte sous Suffren pour secourir Hyder-Ali, le seul véritable antagoniste qu’eussent encore les Anglais de Madras. Mais tandis que sur mer les hauts faits du plus grand des amiraux français couvrirent d’une auréole de gloire ce dernier effort fait par les Français pour expulser les Anglais du Carnate, sur terre, la campagne ne produisit que des désastres. À partir de cette époque ce but fut abandonné ; des partisans ou des aventuriers représentèrent la France à la cour des princes indigènes et s’efforcèrent, mais en vain, de tendre à un résultat qui depuis le 16 janvier était hors de toute atteinte.

Ne trouvera-t-on pas dans la différence de caractère des nations rivales une explication de cette issue fatale pour la France ? Dans mon opinion, la réponse doit être affirmative : cette différence exerça une grande influence. Sans aucun doute l’Angleterre possédait, dans les grandes richesses de sa Compagnie, dans la plus grande influence de ses Directeurs auprès du Gouvernement et dans le système librement parlementaire, des avantages dont la France était dépourvue. Nous croyons que les Directeurs de la Compagnie anglaise, étant souvent des membres du Parlement, jouissaient, à ce titre, d’une influence considérable sur le ministère et en usaient pour activer les décisions et veiller à la prompte expédition des flottes royales qui devaient défendre les possessions de la Compagnie. Cette célérité dans les opérations eut une grande importance pour les intérêts anglais. Au contraire, sous le régime despotique qui prévalait alors en France, l’action du Gouvernement se faisait rarement sentir d’une manière bienfaisante pour l’Inde, et sauf de

  1. Pondichéry fut restitué à la France par la paix de 1783, repris en 1793. rendu à la paix d’Amiens, pris de nouveau en 1803 et linalement rendu en 1814 et 1815.