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LA COMPAGNIE PERPÉTUELLE DES INDES

Sénégal, qui n’étaient ni l’une ni l’autre dans une situation florissante. Il se flattait que cette Compagnie, ainsi refondue, absorberait tout le trafic de la France avec l’Orient, aussi bien qu’avec l’Occident. Le Régent adopta ses vues et fit rendre un décret royal en date de mai 1719, qui en ordonnait l’exécution. Dans cet édit, la décadence de la Compagnie fondée par Colbert était reconnue, la cessation de son commerce, l’abandon fait par elle de ses privilèges aux marchands de Saint-Malo, étaient relatés et attribués à sa mauvaise direction ; la prorogation de dix ans que lui avait accordée le roi défunt, le Ier janvier 1715, était admise ; mais on ajoutait : « La Compagnie s’est affranchie de ses engagements les plus légitimes (le payement de ses dettes). Nous avons reçu des Indiens des plaintes réitérées de ce que la Compagnie ne veut payer ni intérêt ni capital, et depuis seize ans elle n’a pas envoyé un vaisseau à Surate. » Après avoir envisagé l’inévitable conséquence d’une telle administration, l’édit portait qu’il avait été jugé utile à la prospérité du royaume, de rétablir et d’augmenter le commerce des Français avec les Indes, et de maintenir l’honneur de la nation en payant les dettes contractées par la Compagnie. Pour arriver à ce but, on avait résolu de supprimer les privilèges accordés aux Compagnies des Indes et de la Chine, et de les réunir à celle des Indes Occidentales. Ce préambule était suivi de douze décrets révoquant les privilèges des anciennes Compagnies, et conférant à la Compagnie Occidentale le droit exclusif de commercer avec les contrées à l’Est du Cap, comprenant, outre les îles de l’Afrique et des mers de l’Inde, la mer Rouge, la Perse, les territoires de Mogol, Siam, la Chine, le Japon, les détroits de Magellan et les mers du Sud. On accordait à la même Compagnie la possession des terres, îles, forts, maisons, magasins, munitions de guerre et vivres, nègres, animaux, marchandises, en un mot tout ce que les Compagnies des Indes et de la Chine avaient réussi à conquérir ou à acquérir, ou ce qui leur avait été concédé en France, dans les Indes ou en Chine ; et cela, à la condition de payer aux Français aussi bien qu’aux Indiens, toutes les dettes légitimes des Compagnies de l’Inde et de la Chine. Les avantages concédés à la nouvelle Compagnie étaient des plus larges. Il lui était