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CHUTE ET RÉORGANISATION

quelques opérations de moindre importance, également inefficaces, essaya d’arrêter cette défaveur en décrétant le 21 mai que la valeur des actions serait graduellement abaissée à cinq mille francs, en même temps que les actions de la banque seraient réduites à moitié de leur valeur actuelle. Si la confiance eût existé, cette mesure, en raison de la diminution des espèces, aurait été avantageuse aux actionnaires ; mais dans l’état actuel des choses ils ne la considérèrent que comme une réduction de moitié des valeurs en leur possession. La panique s’accrut à tel point, que Law fut obligé de provoquer, le 27 mai, un nouveau décret, rapportant celui du 21. Ces tergiversations n’avaient d’autre résultat que d’augmenter de plus en plus les inquiétudes ; les actions tombèrent à leur valeur nominale ; des troubles eurent lieu dans les rues, le capital disparut, la misère du peuple grandit de jour en jour, faute de moyens de réaliser le papier monnaie ; la banque était assiégée de malheureux, impatients d’échanger leurs billets pour un peu d’argent. On donna une garde à Law en apparence pour l’empêcher de fuir, mais en réalité pour le protéger. Une catastrophe était imminente : ce fut alors que la Compagnie des Indes se présenta pour offrir de reprendre tous les billets de banque et de les rembourser sur le pied de cinquante millions de francs par mois pendant un an, à la condition que ses privilèges commerciaux deviendraient perpétuels. Cette offre fut acceptée par le gouvernement, le décret fut publié en juin 1720 et depuis lors, la Compagnie, qui de la rue Vivienne gouvernait l’Inde française, prit dans l’histoire le titre de « Compagnie perpétuelle des Indes. »

Mais cette mesure que le Parlement refusa d’enregistrer, ne mit pas un terme à la panique. Au mois d’octobre de la même année, on se décida à reprendre les payements en argent. L’union établie entre la Banque du roi et la Compagnie perpétuelle des [ndes fut en conséquence rompue, et cette Compagnie fut réorganisée sur les bases d’une association commerciale, indépendante de l’État : ses actions étaient réduites à deux mille francs. Vers la même époque, le contrat qui lui conférait le droit de battre monnaie et de percevoir les revenus de l’État fut annulé. Bientôt après Law ayant été obligé de quitter la France, les actionnaires furent déclarés respon-