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MAHÉ DE LA BOURDONNAIS

vont suivre, il est à propos de dépeindre, dès à présent, celui qui le portait et que dous voyons des lors se distinguer dans les mers de l’Inde. La Bourdonnais naquit à Saint-Malo en 1699. Il n’avait pas encore dix ans quand il s’embarqua sur un navire marchand à destination de la mer du Sud. À peine revenu, en 1713, il partit pour un second voyage aux Indes-Orientales et aux îles Philippines. Pendant la traversée, un jésuite qui se trouvait à bord, lui enseigna les mathématiques. En 1716 et 1717, il fit son troisième voyage, cette fois ce fut dans la mer du Nord ; dans l’année suivante, il accomplit le quatrième, dans le Levant. Dans sa vingtième année, il entra au service de la Compagnie française des Indes, comme lieutenant en second d’un vaisseau envoyé à Surate. En 1722, il fut nommé lieutenant en premier et c’est avec ce grade qu’il visita l’Inde pour la troisième fois. Pendant la traversée il s’occupa d’écrire un traité sur la mâture des vaisseaux. Dans son voyage de retour, il eut l’occasion de montrer qu’il avait autant d’initiative que de présence d’esprit : son vaisseau, le Bourbon, faisait eau et manquait de tout en arrivant en rade de l’île Bourbon ; aucun navire n’était en vue et l’île ne présentait aucune ressource. Dans cette extrémité, la Bourdonnais n’hésite pas à s’embarquer dans une chaloupe pour gagner l’Île de France et y chercher un navire de secours ; il réussit, et, grâce à cette audacieuse entreprise, le Bourbon fut sauvé.

La Bourdonnais était à peine rentré en France qu’il recevait l’ordre de partir pour les Indes, comme capitaine commandant une frégate. Durant ses précédents voyages, il avait acquis des connaissances étendues en artillerie, en navigation et dans tout ce qui a rapport aux constructions navales ; dans celui-ci il fit une étude particulière de la fortification, sousl’habile direction de M. Didier, ingénieur au service du Roi, et bientôt il acquit, dans cette branche de l’art de la guerre, une habileté exceptionnelle. En arrivant à Pondichéry, il fut attaché à l’escadre de M. de Pardaillan, qui faisait voile pour la conquête de Maihi. C’est sous les ordres de ce commandant qui hésitait à attaquer la place, que nous le trouvons maintenant.

Le plan que La Bourdonnais soumit au commandant était de