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ÉLÉVATION DES FRANÇAIS DANS L’INDE

construire un radeau sur lequel les troupes se rendraient à terre en ordre de bataille, protégées par le feu de l’escadre. Il insista pour être chargé d’exécuter ce qu’il avait conçu. M. de Pardaillan, frappé de la simplicité de ce plan, aussi bien que de l’énergie et de la promptitude de décision qu’annonçait le jeune officier, donna son approbation à ce projet qui fut mis immédiatement à exécution. Le radeau construit, les troupes y montèrent et, dirigées par La Bourdonnais, débarquèrent au pied de la falaise, presque rangées en bataille. La grande difficulté se trouvait ainsi vaincue, et la ville fut prise d’assaut. Comme récompense de l’intrépidité et de l’habileté dont le jeune capitaine avait fait preuve, le commandant, par un léger changement au nom indien de la ville conquise, Maihi ou Mahi, lui donna le premier des noms de La Bourdonnais, Malle, qui fit bientôt oublier l’autre, tant il fut vite adopté[1].

Nous ne poursuivrons pas en ce moment la carrière de La Bourdonnais, l’ordre des événements nous appelant à Pondichéry. Nous devons maintenant, porter notre attention sur les actes d’un homme qui devait exercer sur l’Inde française une influence encore plus directe, plus puissante et plus durable ; dont le brillant génie compléta l’œuvre commencée par François Martin ; qui ne dut qu’à sa seule énergie les grandes choses qu’il accomplit et ne fut entravé dans l’exécution de ses projets grandioses que par ce système de corruption universelle qui, pendant le règne de Louis XV, rongea jusqu’au cœur de la France, régna dans ses palais et souilla ses emplois publics. Est-il besoin de dire que c’est de Joseph-François Dupleix que nous voulons parler ?

Cet illustre homme d’État naquit à Landrecies en 1697 ; son père, riche fermier général, était l’un des Directeurs de la Compagnie des Indes. Le jeune Dupleix montra d’abord une véritable passion pour les sciences exactes, particulièrement pour les mathématiques, et une aversion marquée pour la carrière commerciale à laquelle son père le destinait. Pour le guérir de ses habitudes méditatives

  1. C’est dans la Chronologie du Carnatie de M. Brown que nous avons puisé l’indication de cette origine du nom de Mahé. Évidemment, elle était ignorée de M. Mill ainsi que des autours des Indian Gazetteers.