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ACQUISITION DE KARICAL

sur la rivière de Karical à environ une demi-lieue de la ville, occupé par quatre cents hommes de Tanjore. Il l’attaqua sur-le-champ, le prit d’assaut, et se hâta d’en porter la nouvelle à Pondichéry. Dumas, ravi d’un aussi prompt succès, chargea un petit navire, d’environ cent cinquante tonneaux, de toutes les troupes et des vivres qu’il pouvait porter, et l’expédia à Karicai sous la conduite de Pereira. En vingt-quatre heures il fut rendu à sa destination ; aussitôt la ville de Karicai, le fort de Kircan-Gurrie et le territoire environnant, précédemment cédés par Sahodgi, furent remis aux Français. Cette cession porte la date du 14 février 1739[1], Dumas, en ayant été informé peu de jours après, se hâta d’envoyer un hâtiment chargé de tout le matériel nécessaire pour mettre la ville en état de défense.

Ces mesures énergiques produisirent sur le rajah Sahodgi l’effet prévu ; cet homme faible et pusillanime en fut attéré ; il se hâta de déclarer à Pondichéry que la conduite hostile qu’on pouvait lui reprocher dans le passé était imputable uniquement à la mauvaise influence des Hollandais, et que sa pensée avait toujours été d’opérer la remise des territoires dans le délai fixé ; il protestait d’ailleurs de son empressement à exécuter désormais toutes les clauses du traité de Chillumbrum. Comme preuve de sa sincérité, il envoyait deux documents datés du 25 avril 1739 ; l’un contenant une ratification du précédent traité, l’autre un ordre aux habitants des districts concédés, de reconnaître les Français pour leurs maîtres et de leur obéir à ce titre. Il est probable qu’en ceci le bon vouloir de Sahodgi fut particulièrement stimulé par une clause du traité de Chillumbrum, stipulant en sa faveur une indemnité de cent mille roupies ; or, selon les idées orientales, les Français, ayant maintenant pris possession, pouvaient bien éluder cet engagement. Mais avant que les propositions de Sahodgi fussent parvenues à Pondichéry, une révolution de palais l’avait renversé du trône. Son successeur et demi-frère, Pertab-Singh, ne se borna pas à confirmer la convention de Chillumbrum, il y ajouta encore

  1. On trouvera de plus amples détails de ces événements dans l’Histoire des Indes Orientales, par l’abbé Guyon, et dans le Mémoire particulier sur l’acquisition de Karical.