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ÉLÉVATION DU POUVOIR FRANÇAIS DANS L’INDE

une plus grande étendue de territoire ; et dans une entrevue qu’il eut en personne avec Dumas, au commencement de l’année 1741, il alla jusqu’à lui recommander de fortifier les villes dont il avait récemment pris possession. À partir de cette date, le district de Karical put être regardé comme partie intégrante des possessions françaises dans l’Inde[1].

D’autres événements d’une plus grande importance s’étaient accomplis pendant ce temps. Les conquêtes des Mahométans dans le Sud de l’Inde avaient éveillé la jalousie des Mahrattes, qui réunirent cinquante mille de leurs soldats renommés, sous les ordres de Raghogi-Bhousla, et marchèrent vers l’Est avec l’intention avouée de piller le Carnate, si longtemps respecté. Mais Dost-Ali n’était pas disposé à leur permettre d’y arriver sans obstacle. En apprenant, vers la fin de 1739, qu’ils se dirigeaient vers le passage de Da malcherry, situé au Nord de la rivière Pone, il se hâta d’occuper cette forte position avec les seules troupes dont il pût disposer, et dont le chifîre ne dépassait pas dix mille hommes ; il envoya ensuite des ordres pressants à son fils et à son gendre, Chunda-Sahib, les appelant immédiatement à son secours ; mais, l’un et l’autre étaient fort occupés de leurs conquêtes dans le Sud, et tout en protestant de leur obéissance, ils ne se conformèrent que lentement, et comme avec répugnance, à ses instructions. De sorte qu’avant leur arrivée, les Mahrattes avaient déjà atteint les abords du passage. Cette position étant la plus importante, Dost-Ali s’en était réservé la garde ; mais au Sud se trouvait une gorge dont il avait confié la défense à l’un de ses lieutenants, un Indou. Ce dernier se laissa séduire et permit à l’armée mahratte d’occuper, dans la nuit du 19 mai, la gorge qu’il gardait. Les Mahrattes, ainsi assurés de leur proie, s’avancèrent sans bruit, dès le lever du soleil,

  1. Les districts cédés se composaient de : la ville de Karical, la forteresse de Kircan-Gurrie, dix villages sur la côte et d’une étendue de terrain d’environ quinze à seize milles, très-fertile en riz, produisant aussi du coton et de l’indigo, peuplée de dix ou douze mille habitants et donnant un revenu annuel d’environ dix mille pagodes (cent douze mille cinq cents francs). La ville de Karical renfermait alors six cent trente-huit maisons de pierre et de briques et plus de trois mille habitants. La forteresse était à une portée de canon de Karical. L’une et l’autre étaient sur la rivière Karical, bras du Coleroon, navigable pour les navires de deux cents tonneaux. Karical est à soixante quinze milles Sud de Pondichéry et douze N. de Négapatam.