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DÉFAITE ET MORT DE DOST-ALI

derrière la position occupée par Dost-Ali. Ce dernier, reconnaissant rapproche d’un corps de cavalerie, crut que son fils, Sufder-Ali, venait à son aide, et ne fut détrompé que par des manœuvres décidément hostiles. Il résolut alors de vendre chèrement sa vie. La bataille s’engagea, et malgré la disproportion des forces, elle fut vaillamment disputée ; la lutte ne cessa que quand Dost-Ali et son fils Hassan-Ali eurent perdu la vie. Le premier ministre, Meer-Assud fut fait prisonnier ; presque tous les principaux officiers furent tués ou foulés aux pieds des éléphants : il y eut un carnage sans exemple, même à cette époque. La déroute ne pouvait être plus complète.

Le récit de cette défaite répandit la terreur et la consternation dans le Carnate. Sufder-Ali apprit ce désastre en arrivant à Arcate ; il se hâta, par prudence, de diriger ses troupes sur Vellore, place convenablement fortifiée, où il pourrait attendre les événements. Chunda-Sahib, plus lent, n’était pas encore sorti des limites de sa satrapie. Les nouvelles qu’il reçut le déterminèrent à ne pas la quitter et à mettre sa capitale dans le meilleur état de défense. Il retourna donc à Trichinopoly.

Les deux beaux-frères agirent d’ailleurs comme inspirés par une même pensée sur un point important ; regardant comme très-incertaine l’issue de la lutte engagée avec les Mahraltes, ils eurent l’idée de confier à la protection des murailles de Pondichéry et à la courtoisie de Dumas, l’un sa propre famille, et l’autre celle de son père, ainsi que toutes les valeurs qui pouvaient se transporter aisément.

La victoire des Mahrattes eut ainsi pour résultat de placer Dumas dans une situation analogue à celle de Martin après la défaite de Shere Khan Lodi, par Sevadgi. Dans l’un et l’autre cas, les Mahrattes avaient complètement vaincu les anciens chefs du pays, amis et protecteurs des Français ; mais il y avait cette différence que le Pondichéry de Dumas était capable d’une résistance bien autrement sérieuse que la cité naissante du commandant Martin. Cependant Dumas, malgré sa confiance dans les défenses de Pondichéry, apprécia fort bien les difficultés de sa situation, et se mit en mesure d’agir avec la prudence et le jugement dont il avait déjà donné des