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RÉCEPTION DE LA VEUVE DE DOST-ALI

Cette réception se fit avec beaucoup de pompe et de cérémonie. La garnison prit les armes et les remparts furent garnis de troupes. Le gouverneur lui-même, dans un magnifique palanquin, suivi de ses gardes, à pied et à cheval, se rendit à la porte de Valdaour qui fut immédiatement ouverte. La veuve du nabab entra aussitôt avec ses filles et ses parents portés dans vingt-deux palanquins suivis de quinze cents hommes de cavalerie, huit éléphants, trois cents chameaux, deux cents voitures attelées de bœufs, et deux mille bêtes de somme. L’entrée de la veuve fut saluée par l’artillerie des remparts et Dumas lui-même la conduisit aux appartements préparés pour la recevoir[1]. Une réception semblable fut faite quelques jours plus tard à la femme et au fils de Chunda-Sahib[2]. Pendant que Pondichéry ouvrait ainsi généreusement ses portes, les Mahrattes profitaient de leur victoire pour arriver à Arcate dont ils s’emparaient sans coup férir. De là ils envoyaient des détachements piller tout le voisinage ; mais cette dévastation qu’ils infligeaient au pays était loin de leur procurer les avantages sur lesquels ils avaient compté. Dès les premiers bruits de guerre, les habitants du Carnate s’étaient hâtés de mettre leurs richesses à l’abri dans les villes fortifiées. Les uns avaient gagné Madras, d’autres Vellore, d’autres enfin Pondichéry. Il en résulta que, malgré leur âpreté à s’emparer de toutes choses, cette campagne fut considérée comme un revers par les légions de maraudeurs et de pillards. Delà naquit en eux une disposition à écouter favorablement les ofiies qu’on pourrait leur faire en vue de les décider à quitter un pays où ils n’avaient trouvé que désolation et stérilité. Ces offres leur arrivèrent en temps opportun. Ils avaient rendu la liberté à Meer-Assud, ministre de Dost-Ali ; son premier soin, en arrivant à Vellore, fut de conseiller à son nouveau maître de faire à l’ennemi des propositions de paix ; Meer-Assud, adversaire déclaré de Chunda-Sahib, avait réussi à exciter les soupçons de Sufder-

  1. Ces détails, et en général ceux qui se rapportent à l’administration de Dumas, sont empruntés à l’ouvrage de l’abbé Guyon, que nous avons déjà cité.
  2. Orme rapporte que la femme de Sufder-Ali se réfugia aussi à Pondichéry, mais il ressort de la correspondance de Dumas avec les Mahrattes qu’elle dut rejoindre son mari à Vellore.