Aller au contenu

Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

semblait très pressé, j’ai eu une sorte d’intuition… Et je l’ai suivi, quand il est parti, pour savoir où il allait…

Devant la stupeur qui empreint mon visage aux confidences de cette bizarre petite, Sylvie s’interrompt, explique :

— Vous vous étonnez, madame, que j’aie pu faire tout cela : suivre mon fiancé et venir ici ?… Je suis pourtant élevée sévèrement, je ne sors jamais seule. Seulement, c’est toujours Fraülein qui m’accompagne. Et ma gouvernante a retrouvé, à Paris, un compatriote : un amoureux Saxon employé dans un garage d’autos, rue Pergolèse. Chaque fois que nous allons en courses ou à la promenade, Fraülein, au bout de cinq minutes, me dépose dans une pâtisserie ou m’installe dans une allée du Bois, et revient me prendre une heure plus tard, afin qu’on nous voie rentrer ensemble… Ainsi, je suis encore plus libre qu’une jeune fille mal élevée, puisque père me croit bien surveillée. C’est avant-hier seulement que, pour la première fois, j’ai eu l’idée de mettre cette liberté à profit. Après avoir envoyé Fraülein au garage, j’ai trotté jusqu’ici, à dix pas derrière Julien. Je l’ai vu entrer, avec un air de vieille habitude. J’ai regardé long-