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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/147

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Je me renfonce rageusement sous mes draps. Je me redresse bientôt. D’une main vengeresse et griffante, je lacère le maudit journal qui m’apprend cette aventure inquiétante… Rien ne m’est plus désagréable qu’un réveil salué d’une mauvaise nouvelle. Dans la journée, dans la soirée, lorsqu’on possède toute sa lucidité, — bon ! Mais, au matin, quand on sort à peine de cette délicieuse torpeur du demi-sommeil, — l’annonce d’un événement fâcheux, tombant sur votre tête engourdie ainsi qu’une potée d’eau froide, prend soudain l’importance d’un acte de cruauté. Et je relève la couverture par-dessus mes yeux, comme les enfants qui boudent.

Un quart d’heure après, Lucy me trouve dans cette attitude découragée :

— Madame ne se lève pas ?

— Si.

Je sors une jambe du lit ; mes pieds — larges, petits et potelés, — m’amusent toujours lorsqu’ils sont nus ; bien cambrés, ils se teintent délicatement d’ocre rose aux talons, d’ambre pâle aux chevilles… Je comprends Marie-Louise. Moi aussi, j’eusse été capable de poser, au messager m’apprenant un désastre, la légen-