Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/222

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ma robe… Et comme je me sens réellement indisposée, sa fausse sollicitude m’irrite doublement. Voilà bien où s’éprouve la véritable affection. À sa place, Paul s’inquiéterait, voudrait me soigner : celui-là ne songe qu’à son plaisir. Je dis brutalement :

— Laissez-moi, vous m’embêtez !

— Nicole !

— Je ne vous comprends pas. Ces rêvasseries exaltées ne s’accordent guère avec vos actes. Votre sensiblerie amoureuse vous pousse à souhaiter recevoir d’inutiles, d’illusoires coups de revolver : elle ne vous inspire donc aucune pitié envers la pauvre enfant que vous trompez si vilainement ?

— C’est prodigieux : ce que ma fiancée vous intéresse ! Il n’y a que les femmes pour s’occuper ainsi de gens qu’elles ne connaissent pas. Nicole !… Vous n’avez jamais aimé, si vous n’admettez point le charme qui hyperesthésie nos facultés en faveur d’un seul être, et nous laisse froid devant les plus grands désastres, pour nous émouvoir à l’extrême d’une larme coulant des paupières adorées… Je pense infiniment plus, en ce moment, à Landry Colin — qui m’est indifférent — à Paul