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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/354

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regard atone, paupières bouffies — qui pénètre dans le vestibule, son fouet à la main. Après avoir écouté nos questions d’un air obtus, il ouvre la bouche et débite son récit avec l’abondance de gestes, l’importance exagérée que prennent les gens du peuple lorsqu’ils sont impressionnés et enchantés — dans leur grossière sensibilité — de se trouver mêlés à un drame :

— Voilà… Il pouvait bien être vers les une heure, une heure et demie du matin… Je venais de déposer rue Richer deux clients que j’avais chargés à la sortie de Vaudeville… Je m’en retournais, tranquillement… quand tout à coup, je m’entends appeler d’une rue voisine : « Cocher… Hé ! cocher… » Moi, je m’amène, et j’aperçois une bonne qui me fait signe, à la porte d’un hôtel meublé : « Vite, donc… C’est pour un type qui vient de se suicider et qui veut revoir une dame, avant de mourir… »

— Oh !… Paul… C’est Julien Dangel.

— J’entre dans la maison. La patronne m’écrit l’adresse sur un bout de papier — et je me rends jusqu’ici pendant que la bonne va prévenir la police… Les deux femmes semblaient affolées… Elles étaient seules, justement.

— Est-ce qu’il est grièvement blessé ?