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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/378

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l’anéantissement, d’une vie : le dérangement ennuyeux causé à des étrangers : « Il vaut mieux faire ça chez soi ! »… Je le compare avec ma propre indifférence… Avec la distraction du public d’hier, lorsque les journaux lui apprendront la fin de Julien : « Tiens ! Il s’est suicidé ce jeune auteur qui avait écrit une pièce assommante »… Avec l’amour de Sylvie, sans doute… Les pleurs de vingt ans, c’est de la pluie d’avril : il chauffe du soleil derrière le nuage…

Que notre mort compte peu, aux yeux du prochain. Ah ! Si Dieu existe, si l’immortalité de l’âme n’est point une pieuse superstition, le plus grand châtiment que leur puisse imposer la malédiction divine est de contraindre les disparus à voir tout ce qui se passe sur terre — après eux.

— Est-ce que monsieur et madame me rechargent ?

Nous nous retournons ; le cocher nous avait suivis. Une curiosité macabre — vautour qu’attire la charogne — a entraîné cet homme à monter avec nous pour regarder le « macchabée ». Maintenant, l’intérêt commercial l’incite à nous offrir ses services. Paul tire un louis de