à votre mérite ?… C’est tout simple… Cette croix… J’ai fait mon possible pour l’obtenir à la date qui concordait avec votre mariage afin de la déposer, pour ainsi dire, dans la corbeille nuptiale… Car, c’est de cet heureux événement, cher monsieur, que je venais vous féliciter…
— Comment ! C’est à vous que je dois ma décoration ?
Paul reste ébahi. Une violente envie de rire agite sa moustache de tressaillements nerveux. Brochard appuie, un peu rosse :
— J’avais déjà offert un ruban à madame Bernard : elle m’a rappelé ma promesse en me priant de changer la couleur…
— Je suis confus, monsieur le ministre ! laisse échapper Paul.
— Pas encore, souligne Léon Brochard avec un sourire plein de sous-entendus.
Tiens, tiens, tiens… Va-t-il rebondir sur l’estrade, ce vieux politicien retraité ? Maintenant, la voix onctueuse, le geste papelard, l’œil attendri de douceur madrée, il nous distille son miel :
— Laissez-moi reconnaître et envier votre bonheur, cher monsieur. Vous êtes de ces heureux mortels à qui les fées accordent les meil-