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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/88

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présente si souvent ici, en dépit de votre accueil glacial — mais, cette fois, ayant à vous parler sérieusement. Je vous aime, madame, je vous aime depuis le premier soir, oui, j’ose l’affirmer, à vous qui raillez le « coup de foudre ». Malgré vos rebuffades, vos duretés, vos sourires cruels, je suis pris, envoûté ; il faut que je vous voie, ou je souffre. J’ai besoin de vous comme le détraqué de sa morphine, et comme lui, c’est aussi dans mes blessures que je puise ma joie. Ce que je voulais vous dire aujourd’hui, madame ? Voici ; j’ai affranchi ma vie, pour n’avoir plus à feindre de faux sentiments pour vous convaincre de ma sincérité. Profitant d’une querelle futile, j’ai repris ma parole, me libérant de cette fiancée que vous m’aviez reproché de tromper, j’ai quitté franchement Sylvie. Voilà tout, madame… Oh ! Nicole, m’approuvez-vous d’avoir agi ainsi ? Puisque vous êtes la seule désormais à qui je sois capable de bien dire : Je vous aime…

» JULIEN DANGEL »

» P.-S. — Une nouvelle également, mais moins importante : Borderelle, le directeur des Folies-Joyeuses, chez qui ma pièce était en