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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/122

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Qu’allait-il faire à Baniassa ? Revoir Mariora, l’entendre pleurer, lui pardonner et l’épouser ensuite ? Non ! il venait chercher le vieux Mané, il l’emmènerait en Transylvanie où ils tâcheraient de vivre, sinon heureux, du moins tranquilles.

— Mon père ! murmura-t-il d’une voix attendrie en voyant enfin la chaumière paternelle se découper en noir sur le sol neigeux. Mon père me reste encore ! Il ne m’attend pas ! Quelle joie pour lui !… Quelle consolation pour moi-même ! Il me demandera son poignard, continua-t-il en redressant la tête avec un sourire fier. — Ton poignard est à Grevitza ! lui répondrai-je. Le prince Liatoukine n’a pas voulu me le rendre !

Le père ne dira rien, mais il pensera que j’ai bien fait !

Ioan était arrivé devant la maisonnette où sa vie s’était écoulée si calme ; le cœur lui battait violemment et il s’arrêta pour la contempler.

Pas une lueur aux fenêtres, pas un filet de fumée au-dessus du toit, la porte était hermétiquement close. La cabane avait l’air triste et abandonné comme le maître qui s’en revenait.

— Père ! cria Ioan en heurtant doucement.

Mais nul ne répondit.

— Il dort, pensa Ioan. — Père ! reprit-il plus fort, c’est moi, ton fils !

Même silence. Isacesco se sentit devenir inquiet.

— Il doit être ici, pourtant, s’écria-t-il. Et, d’un vigoureux coup de pied, il enfonça la porte vermoulue. Il entra. L’unique chambre de la chaumière était vide ; on y respirait cette âcre odeur qui se dégage des vieux meubles hors d’usage et des appartements inhabités. Il ne pouvait se procurer de la lumière et se mit à explo-