Aller au contenu

Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114

— Quel nom ? demanda Zamfira étonnée.

— Quel nom ! malheureuse ! Le nom de l’infâme, son nom à elle ! Je sais tout, te dis-je ! répéta-t-il avec force.

— Hélas ! reprit humblement Zamfira, ne l’accuse pas, plains-la plutôt…

— Je la méprise ! interrompit-il avec une explosion de colère.

— Je suis plus coupable qu’elle, continua la Tzigane en larmes. C’est ma faute ! elle a voulu retourner seule par Baniassa, quelques paroles irréfléchies qu’elle avait prononcées, sans songer à mal, ont irrité mon orgueil : je n’ai pas voulu la suivre. Oh ! je me repens ! Ioan, viens avec moi ! ajouta-t-elle en attirant Isacesco vers la maison.

Il se recula vivement et retirant sa main que la Zamfira tenait serrée entre les siennes : — Non ! s’écria-t-il avec véhémence, je ne la verrai plus ! je ne la connais plus ! je ne l’aime plus ! Entends-tu, Zamfira, répéta-t-il avec un rire féroce, je ne l’aime plus !

— La pauvre enfant n’est pas ici, murmura la Tzigane en secouant la tête. Vivre près de Baniassa lui était devenu impossible. Des terreurs subites la saisissaient à tout moment, l’image de cet homme la suivait partout. Elle t’appelait sans cesse dans son délire, toi seul pouvais la défendre, disait-elle. Oh ! pardonne-lui !… si l’anneau…

— Assez, Zamfira ! s’écria-t-il d’une voix impérieuse. Cette créature m’est désormais étrangère. Suspends tes prières : elles sont inutiles.

— Oh ! mon Dieu !

— Je m’en irai loin, bien loin ! poursuivit-il avec plus de calme, là où je pourrai fouler un sol que n’aura pas souillé son contact impur. Et je n’emporterai ni son sou-