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poussèrent des cris de joie en apercevant Zamfira et Mariora que cette rencontre imprévue parut contrarier extrêmement.

— Eh ! Zamfiritza ! eh ! Mariora ! s’écria Ralitza, la brunette que nous connaissons, nous retournons par Baniassa ; venez-vous avec nous ?

— Je ne puis souffrir cette petite Ralitza ! murmura Mariora entre ses dents ; cela vous prend des airs moqueurs et cela n’a pas de sandales aux pieds !

Zamfira allait accepter la proposition de la brunette, quand Mariora lui dit d’un air impertinent : — Parle pour toi, si tu veux, Zamfira, mais je te préviens que je ne t’accompagnerai pas là où je vois que tu veux aller.

— Pourtant, objecta timidement la bohémienne, Isacesco…

— Isacesco ne pouvait tout prévoir ! Tu es libre, je suis libre aussi ! Je connais un joli sentier qui m’épargnera l’ennui de faire route avec des péronnelles de votre sorte !

Un auteur allemand du xviie siècle a dit en parlant des Roumaines : « Elles ne sont pas, à la vérité, très-bonnes, mais elles sont pleines d’esprit, pensent beaucoup et parlent peu. » L’observation est fort juste, sauf en ce qui concerne le dernier point : Parlent peu ! Il faut alors que cela ait bien changé depuis le temps !

Les jeunes filles savaient qu’elles perdraient tout à se fâcher, mais elles commencèrent à s’escrimer de la langue, tant et si bien, que Mariora aurait donné son collier de roubiés[1] pour rattraper ses paroles…

— Ah ! ah ! la société de paysannes comme nous ne te

  1. Monnaie d’or ottomane.