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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/73

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tune, puis elle reprenait son travail avec une sorte d’acharnement : on eût dit qu’elle voulait faire retomber sur les innocentes clématites un reste de colère qu’elle n’avait pu répandre sur la tête de la Bohémienne, et les fleurs s’amoncelaient sans choix dans son tablier qu’elle avait relevé.

Cependant l’ombre descendait rapidement sous la voûte épaisse de la forêt.

Comme les enfants, les fous et les poètes, Mariora avait l’habitude de penser tout haut, mauvaise habitude, s’il en fut !

Elle leva la tête et avec un petit ton de commandement : — Eh bien ! dit-elle, et cette lune sur laquelle je comptais, où reste-t-elle donc ?

Avec une bonne volonté qui dénote le meilleur caractère, la lune, ainsi interpellée, s’empressa de montrer sa grosse face rouge dans l’azur assombri du ciel.

— Ah ! fit Mariora qui semblait trouver fort simple d’être obéie immédiatement, même par la lune, c’est joli, la lune ! plus joli que le soleil ! seulement, ça ne ferait jamais mûrir le maïs ! ajouta-t-elle d’un air capable.

Un rayon de cette lune, impuissante à dorer les blés, glissa au travers des branches et vint frapper la bague d’Isacesco.

Mariora la contempla, l’admira, la tourna dans tous les sens, sans cependant que l’anneau lui rappelât en rien celui qui le lui avait donnée.

Soudain elle tressaillit : un bruit familier venait de retentir auprès d’elle.

— Coucou ! coucou ! chantait l’oiseau.

Elle demeura immobile, un doigt levé et la bouche entr’ouverte.