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Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/318

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Le Chevalier.

Commençons par rayer ce dernier, il est incroyable ; pour de la jalousie…

La Marquise.

Parlez hardiment.

Le Chevalier, d’un air embarrassé.

Que diriez-vous, si je m’avisais d’en avoir ?

La Marquise.

Je dirais… que vous seriez jaloux.

Le Chevalier.

Oui ; mais, madame, me pardonneriez-vous ce que vous haïssez tant ?

La Marquise.

Vous ne l’étiez donc point ? (Elle le regarde.) Je vous entends, je l’avais bien prévu, et mon injure est avérée.

Le Chevalier.

Que parlez-vous d’injure ? Où est-elle ? Est-ce que vous êtes fâchée contre moi ?

La Marquise.

Contre vous, chevalier ? non, certes ; et pourquoi me fâcherais-je ? Vous ne m’entendez point, c’est à l’impertinente Lisette à qui j’en veux : je n’ai point de part à l’offre qu’elle vous a faite, et il a fallu vous l’apprendre, voilà tout ; d’ailleurs, ayez de l’indifférence ou de la haine pour moi, que m’importe ? J’aime bien mieux cela que de l’amour, au moins, ne vous y trompez pas.

Le Chevalier.

Qui ? moi, madame, m’y tromper ! Eh ! ce sont ces dispositions-là dans lesquelles je vous ai vue,