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Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/91

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LE SACRIFICE.

Se penchent l’un vers l’autre, aux spectateurs paraît
La forme des époux dont les tremblantes têtes
Cherchent à s’appuyer sur leurs cœurs frémissants.
Et l’écume à leur côté jaillit des blanches crêtes,
Comme en signe d’adieu — baisers retentissants !
Tandis que devant eux un nuage de brume
S’ouvre au souffle des airs en un flottant linceul :
C’est pour les recevoir ! Ici la chute inhume
Les corps qu’elle engloutit sous son terrible écueil.
Ils ont atteint la courbe et, sur le gouffre immense,
Se penchent un instant, puis regardent le ciel…
Et tout est fini !…
Et tout est fini ! Non ! maintenant tout commence !  !
Ô terre, ne prends pas pour eux ton deuil cruel.
Exhale, voix des flots, ton hymne triomphante !
Vapeur, laisse flotter ton voile virginal !
Car aujourd’hui la mort au bonheur les enfante.
Ces colombes, là-haut, fendant l’air matinal,
Pour se trouver un nid aux îles de lumière,