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Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/397

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bonnes raisons qu’Hytelrao paroissoit n’y plus penser. J’étois incommodé de la fièvre comme j’ai dit ci-dessus, lorsqu’Hytelrao m’envoya prier de préparer pour le lendemain un détachement de cent hommes tant blancs que noirs avec deux pièces de canon qu’il devoit joindre à un corps de Marates pour faire la petite guerre, c’est-à-dire rançonner des villages dont il savoit tirer bon parti. Comme j’étois sur la défiance, j’envoyai mon divan au Marate, pour savoir de quoi il s’agissoit, offrant de marcher moi-même avec toute la troupe si l’affaire en valoit la peine, mais pour lui représenter que je ne voulois attaquer aucun fort avec le peu de monde que j’avois. La réponse d’Hytelrao fut qu’il n’y avoit aucun fort à attaquer. Sur quoi je fîs préparer le détachement, persuadé qu’il n’y avoit rien à risquer en prenant certaines précautions. Le commandement fut donné à M. de Boissimont qui partît avec le corps de cavalerie marate, à la petite pointe du jour. Le chef marate avoit sans doute son plan formé sur les ordres d’Hytelrao ; il fit si bien en serrant de près notre détachement de tous côtés, ce qui élevoit beaucoup de poussière, qu’il le conduisit à la portée des caïtoques du fort, sans qu’aucun de nos gens put s’en appercevoir. « Voila de quoi il s’agit », dit alors le chef marate à M. de Boissimont. Après quoi le traître fit demi tour à droite avec sa troupe pour se tenir hors de portée. Les gens du fort commencèrent à tirer, les balles passoient par