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Page:Martins - Des lemmings (1840).djvu/11

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Quand ils parviennent plus loin dans la plaine, alors ils serrent encore plus leurs rangs. « Ils tracent, dit Linné[1], des sillons rectilignes, parallèles, profonds de deux ou trois doigts, et distans l’un de l’autre de plusieurs aunes. Ils dévorent tout sur leur passage, les herbes, les racines. Rien ne les détourne de leur route ; un homme se met-il dans leur passage, ils glissent entre ses jambes. S’ils rencontrent une meule de foin, ils la rongent et passent à travers ; si c’est un rocher, ils le contournent en demi-cercle, et reprennent leur direction rectiligne. Un lac se trouve-t-il sur leur route, ils le traversent en ligne droite, quelle que soit sa largeur, et très-souvent dans son plus grand diamètre. Un bateau est-il sur leur trajet au milieu des eaux, ils grimpent par dessus et se rejettent dans l’eau de l’autre côté. Un fleuve rapide ne les arrête pas, ils se précipitent dans les flots, dussent-ils tous y périr. » Toutefois ils n’entrent jamais dans les maisons[2] ; nous en vîmes beaucoup autour de Karasuando, mais pas un seul dans les habitations.

Ces détails sont confirmés par différens auteurs, Leemius[3] et Hoegstroem[4] entre autres. Zetterstedt dit que dans la migration de 1823 ils faillirent faire sombrer plusieurs bateaux en traversant l’Angermanelv, près d’Hernoesand. Le même fait m’a été affirmé à Bossecop. En 1833, ils montèrent dans les bateaux, près de Dupvig.

Rycaut, qui écrivait avant Linné, et qui paraît avoir assisté à une migration, donne les mêmes détails. Les Lemmings, dit-il, marchent surtout la nuit et le matin, mais ils sont tranquilles le jour. Je serais tenté de croire à la justesse de cette assertion ; car nous les avons vus en marche le matin, et la nuit, il nous était impossible de conserver dans notre chambre ceux que nous avions mis en cage ; ils sautaient, sifflaient et aboyaient tellement qu’ils nous empêchaient de dormir.

Le meme auteur affirme que les femelles portent un petit

  1. Abh. der schwed. Acad., t. II, p. 78.
  2. Rycaut, loc. cit. Scheffer, p. 320. Linné, Abh., p. 80.
  3. Loc. cit., p. 227.
  4. Loc. cit., p. 20.