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Page:Martins - Des lemmings (1840).djvu/12

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dans leur gueule, et l’autre sur le dos ; il les a même figurées ainsi. Linné[1] a répété la même chose. Dans la migration que nous avons vue les femelles étaient pleines et n’avaient pas encore mis bas.

Ces armées de Lemmings arrivent enfin sur les bords de la mer du Nord ou du golfe de Finlande : mais en route, ils succombent à une foule d’accidens. Hoesgtroem[2] pense qu’un centième, à peine, retourne dans les montagnes. Beaucoup doivent périr de froid. Wormius[3] rapporte qu’on les dit frileux, et, en effet, tous ceux que nous laissâmes dans leur cage hors de la chambre, pendant la nuit, périrent, quoiqu’ils ne fussent pas en plein air, et que le thermomètre descendît à peine à quelques degrés au dessous de zéro. Un plus grand nombre se noie en traversant les rivières[4], quoiqu’ils nagent très-bien. Nous en avons jeté quelques uns au milieu du Muonio, dont la largeur est le double de celle de la Seine à Paris, et le courant très-fort ; ils ont tous gagné le bord sans beaucoup de peine. Cependant leurs cadavres flottaient en nombre considérable à la surface de la rivière. Peut-être avaient-ils essayé de traverser un de ses rapides.

La plupart deviennent la victime de leurs nombreux ennemis. Les chiens des Lapons mangent la tête seulement[5] : d’où l’on avait autrefois faussement conclu que ces Rats étaient vénéneux. Un chien finlandais, qui nous accompagnait, en étrangla un nombre prodigieux ; plusieurs fois il fit des essais pour les avaler ; mais il les rejeta toujours avec dégoût. Il paraît certain que les Rennes ont aussi l’habitude de les manger. Ils se détournent de leur route pour les poursuivre, et vont quelque fois tellement loin, qu’ils ne retrouvent plus leur chemin pour revenir[6]. M. Lœstadius nous a attesté le fait, en ajoutant

  1. Abh., etc., p. 78.
  2. Loc. cit., p. 20.
  3. Loc. cit. 23 et p. 47.
  4. Wormius, loc. cit., p. 47.
  5. Linné, loc. cit., p. 81. — Samuel Rheendans Scheffer, p. 321.
  6. Linné, Lachesis lapponica, tom. I, p. 162, et Abhand., loc. cit., 77.