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Page:Martins - Des lemmings (1840).djvu/13

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que les Rennes deviennent alors sujets à une maladie appelée graen en norvégien. Les Chèvres et les Moutons tombent aussi malades quand ils en mangent[1]. Pallas a recueilli les mêmes témoignages chez les Samoyèdes[2]. Les Renards (Canis vulpes et C. lagopus) ne mordent pas aux piéges lorsqu’il y a des migrations[3]. Mais l’année suivante on en prend beaucoup, aux dires des Lapons, parce qu’ils descendent dans les plaines pour y chercher les Lemmings qu’ils avaient suivis l’année précédente[4]. Les Ours en sont très-friands[5]. Les Gloutons (Gulo borealis), les Martes, les Hermines (Mustela martes et M. herminea), en détruisent une immense quantité ; elles engraissent alors, et leurs peaux deviennent plus grandes[6]. Les oiseaux de proie tels que les Corbeaux (Corvus corax), les Corneilles (C. cornix), les Pies (C. pica), les différentes espèces de Hiboux et de Chouettes (Strix nyctea, S. ulula, S. lapponica, etc.), les Goëlands (Larus marinus, L. tridactylus, L. glaucus, etc.), en enlèvent un grand nombre. J’ai observé, comme Rycaut, qu’ils ne mangent que le cœur ou le foie des Lemmings, et qu’ils dédaignent le reste.

Toutes ces migrations paraissent avoir pour point de départ la chaîne des Alpes Scandinaves. Les Lemmings marchent de l’est à l’ouest quand ils se dirigent vers la mer du Nord ; de l’ouest à l’est quand ils descendent vers le golfe de Bothnie. Ceux que nous avons suivis allaient du nord-nord-ouest au sud-sud-est. Ils retournent ensuite vers les montagnes : Hoegstroem est le seul naturaliste qui ait observé cette espèce de rémigration. « Ce retour, dit-il[7], passe en général inaperçu, parce que ces animaux sont réduits à un très-petit nombre ; mais ils marchent aussi en ligne droite comme dans leur descente vers la plaine. »

  1. Wormius, p. 47.
  2. Loc. cit., p. 195.
  3. Samuel Rheen dans Scheffer, p. 321.
  4. Leemmius, loc. cit., p. 226.
  5. Wormius, p. 47.
  6. Olaüs Magnus, p. 648.
  7. Loc. cit., p. 20.