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allouma

pied tous les hommes du campement avec ordre de la chercher jusqu’à ce qu’on l’eût retrouvée.

On la chercha toute la nuit, on la chercha le lendemain, on la chercha toute la semaine. Aucune trace ne fut découverte pouvant mettre sur la piste. Moi je souffrais, elle me manquait ; ma maison me semblait vide et mon existence déserte. Puis des idées inquiétantes me passaient par l’esprit. Je craignais qu’on l’eût enlevée, ou assassinée peut-être. Mais comme j’essayais toujours d’interroger Mohammed et de lui communiquer mes appréhensions, il répondait sans varier :

— Non, parti.

Puis il ajoutait le mot arabe « r’ézale » qui veut dire « gazelle » comme pour exprimer qu’elle courait vite et qu’elle était loin.

Trois semaines se passèrent et je n’espérais plus revoir jamais ma maîtresse arabe, quand un matin, Mohammed, les traits éclairés par la joie, entra chez moi et me dit :

— Moussié, Allouma il est revenu !

Je sautai du lit et je demandai :

— Où est-elle ?

— N’ose pas venir ! Là-bas, sous l’arbre !