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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/108

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demoiselle de Bonneval, ses yeux brilloient du feu de l’amour. Barneuil tenoit une de ses mains, sur laquelle il colloit mille baisers ; le plaifir mutuel dont leurs âmes étoient enyvrées, lioit leurs langues & ne laissoit qu’à leurs yeux la faculté d’exprimer leur bonheur ; ils s’oublioient dans cette occupation charmante. Vous m’allez demander de quoi mon cœur étoit occupé à la vûë des transports mutuels de ces heureux Amans, dispensez-moi de vous le dire ; il perdoit tout du côté de l’amour, mais le plaisir de voir deux personnes dont la félicité étoit mon ouvrage, & leur reconnaissance, m’offroient un prix qui balançoit cette perte.

Je ne m’appercevois pas que la porte du cabinet était ouverte : je frémis de mon imprudence : si quelqu’un eût été témoin de cette scène, tout étoit perdu.