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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/124

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gnorois le pouvoir de l’amour : un coup d’œil de cette charmante personne me l’apprit ; & mena tout d’un coup mon cœur au point où une passion inspirée par des charmes médiocres, n’arrive que par dégrez. »

On jouoit Zaïre : mon dégoût pour les morceaux les plus touchans de la piéce, mon attention sur la loge, mon impatience ; mouvemens involontaires, contre lesquels ma raison combattoit foiblement ; tout m’avertit du changement qui venoit de se faire dans mon cœur.

J’avois les yeux si fixément attachez sur la loge, que le moindre mouvement qui s’y faisoit ne pouvoit m’échaper. J’apperçûs Madame de Valpré ; cette vûë me combla de joye : il faut avoir aimé pour sentir combien font précieuses dans