Aller au contenu

Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son de mon ami. L’art & la nature se sont réunis pour en faire un endroit charmant, les plaisirs en font un de délices : il m’en montroit tous les agrémens : je l’écoutois sans lui répondre ; je ne m’occupais qu’avec mon cœur de l’agréable idée de liberté ; tout la respire ici, disois-je, oui, ce bosquet me procurera de douces rêveries ; & si l’amour vient encore m’y tyranniser, je graverai sur ces arbres le mépris que l’on a fait de ma flamme, j’y viendrai tous les jours m’encourager à haïr mon ingrate. Que ces eaux sont une image bien naturelle de ce sexe inconstant ! Leur cours tantôt lent, tantôt précipité, peint à merveille son humeur volage ; elles s’éloignent sans cesse de leur source, tel est le cœur d’une femme dont vous croyez être aimé ; si l’amour le porte vers