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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/67

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Ah ! Si je croyois y retrouver l’heureuse indifférence que mon cœur a perdue, j’y volerois ; mais l’amour n’y est que plus cruel : c’est dans le sein de la tranquillité qu’il exerce son empire avec le plus de violence. Hélas ! je ne l’ai que trop éprouvé ; mais me lier par des nœuds éternels à un homme que je déteste, Ciel, quelle alternative ! Oui, je sens que je le haïrois toûjours ; mon aversion étoufferoit mon devoir, & me formeroit un tissu de jours malheureux. Cette condition ne me présentoit rien que d’horrible, non pas certainement pour l’exécuter, mais dans l’espérance qu’en faveur de mon consentement, on m’accorderoit du moins quelque tems de liberté ; mais Madame de Valpré qui pénétroit dans mes idées, qui voyoit toute mon aversion pour