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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/68

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celui à qui je consentois de donner la main, sentit la conséquence d’un pareil retardement, & voulut qu’une prompte exécution ne me donnât pas le tems d’envisager les suites de l’engagement que j’allois prendre.

Je devois être la plus malheureuse personne du monde, puisque c’étoit le jour de mon hymen avec Monsieur de M… Ce Conseiller transporté de joye de toucher enfin au moment qui devoit m’unir à son sort, s’étoit relâché en faveur de cette union prochaine, de son humeur sédentaire & ténébreuse. Il avoit voulu me régaler du spectacle qui vous avoit attiré comme vous dans l’Isle : je suivois mon tyran avec horreur, & je ne pensois qu’en frémissant, au joug qu’il alloit m’imposer. Je n’attendois de secours que de mon désespoir : ce désespoir m’anima,