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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/69

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& me donna la hardiesse de former la résolution de fuir au bout du monde, plutôt que de tenir la parole que l’on m’avoit arrachée. La confusion qui regnoit par-tout, ne me fit voir que de la facilité dans l’exécution d’un pareil projet. Amour, m’écriai-je, Dieu cruel, que je ne connois que par les maux que tu m’as fait ; suspends pour un moment tes rigueurs : seconde le courage d’une Amante timide. Je me glissai dans la foule, résoluë d’aller chercher dans les bras de ma chère de Boran, la tranquillité que l’on me refuse dans le sein de ma cruelle famille. L’envie de gagner au plutôt le Couvent, me prêtoit une force nouvelle ; je marchois avec toute la vivacité possible ; mais cette vivacité qui m’étoit étrangère, s’éteignit. La crainte qui m’agitoit, épuisa mes forces ; je tombai mourante