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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/138

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LE ROI VIERGE

avant, avec l’air de vouloir la retenir ; mais elle désigna Brascassou, d’un geste qui souleva la pelisse, et sortit sans une parole. Allons, cette espèce de reine avait cette espèce de singe pour premier ministre ; il fallait se résigner à cette fâcheuse entremise.

À peine seuls, le factotum offrit très vivement une chaise au visiteur, s’assit lui-même, et, un peu penché, les mains aux genoux, en avançant son museau de fouine et en clignant ses petits yeux tout luisants de curiosité :

— Monsieur, dit-il, j’ai l’honneur d’être le coiffeur de Gloriane, et son ami, son seul ami. Me ferez-vous la grâce de m’apprendre à qui j’ai l’avantage de parler ?

Quoique homme d’esprit, le prince avait, comme un sot, beaucoup de petites vanités. Il se nomma, avec une négligence trop affectée, en retirant et en remettant son lorgnon ; il ajouta même — ceci était de très mauvais goût, à moins qu’il n’eût l’intention de brusquer les choses — qu’il était l’ami de Frédérick II, roi de Thuringe.

Brascassou fut ravi. Pourtant, tout enorgueilli déjà de vagues espérances, il se sentit piqué par