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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/139

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GLORIANE

l’accent de dédain qu’avait cet ami d’un roi. Il fut sur le point de demander : « Et son coiffeur ? » Mais, prévoyant quelque magnifique aventure, il se contint, et borna sa vengeance à reprendre avec une intention de revanche :

— Que puis-je pour votre service, monsieur ?

Le prince était de plus en plus mécontent. Décidément, il lui serait malaisé de se montrer brillant et subtil, étant donné un questionneur précis comme l’était Brascassou. En outre, il ne se souciait guère d’éblouir un aussi médiocre personnage. Une seule ressource s’offrait : prendre le ton d’un grand seigneur qui parle à un domestique. Cela aurait encore bon air, et serait concordant à la situation respective des deux interlocuteurs. Il dit rapidement, comme quelqu’un qui ordonne :

— Monsieur, nous partons demain pour Nonnenbourg.

Brascassou, s’attendant à tout, ne devait s’étonner de rien.

— Partons, dit-il. Pour Nonnenbourg, en Thuringe ?

— En Thuringe.

— Vous avez dit : Nous ?