Aller au contenu

Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168
LE ROI VIERGE

saoûl. Votre Majesté ne reconnaîtra pas M. de Lohenkranz ! Il n’a plus qu’un tout petit ventre : une tonne de bière changée en un baril d’anchois. Enfin, le baron de Storkhaus, qui passait hier, le chapeau à la main selon sa coutume, dans la Johann-Joseph-Strasse, a salué le carrosse de l’ambassadeur d’Autriche en enlevant sa perruque ! Ma foi, la détresse des conseillers de la couronne m’a tout attendri le cœur ; je n’ai pas su résister à leurs prières, — car on se doutait bien que j’étais au courant des choses ; j’ai donné à entendre au ministre de la guerre que Votre Majesté était allée en Hollande pour y voir une tulipe noire et rose qui venait de fleurir pour la première fois ; j’ai révélé au ministre de la justice que le roi avait eu le caprice de compter combien de minutes tournerait sans disparaître une plume d’alcyon jetée au gouffre du Malstrœm ; le ministre des finances a appris de moi que Frédérick II chassait actuellement dans la partie occidentale de la côte groënlandaise, où, d’après des avis sûrs, il y a cette année une rare abondance de renards bleus ; enfin il m’a été impossible de cacher au ministre des cultes, président du conseil, que son maître avait jugé