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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/177

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FRÉDÉRICK

bon de faire un pèlerinage à la Mecque, et que, pour n’être pas reconnu, il s’était mêlé à une tribu de Tziganes qui voyageaient vers l’Arabie en jouant du tambourin ! À vrai dire, je ne sais pas si l’on m’a cru. Mais le baron de Storckhaus m’écoutait avec des yeux si confiants que je ne serais pas étonné s’il s’occupait de réunir une caravane pour faire, à dos de chameau, la quête de Votre Majesté ! Notez que, dans la ville, l’émotion n’est pas moins grande qu’à la cour. Vos énormes Thuringiens, lourds et lents, qui ressemblent plutôt à des barriques roulantes qu’à des hommes en marche, et qui suffiraient, si on les mettait en perce, à désaltérer les deux Allemagnes… — Vous savez comment M. de Bismarck les appelle ? « Des animaux qui tiennent le milieu entre l’Autrichien et l’hippopotame » ; — … vos énormes Thuringiens ont pris des allures hagardes et sautillantes de nouvellistes en émoi. Tout Nonnenbourg n’est qu’un tohu-bohu qui raconte ou interroge. Le matin, à l’Université, les professeurs en chaire oublient de nier Dieu pour s’inquiéter du roi, et les étudiants qui rôdent autour du jet d’eau, entre les corbeilles de fleurs, se demandent les uns aux autres, avec