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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/181

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FRÉDÉRICK

mains de M. de Bismarck, et c’est dom Bénignus que Dieu a choisi pour messager de ses taquineries. Il est probable que la reine et le prieur entretiendront longuement Votre Majesté des intrigues prussiennes et des intérêts religieux du royaume. Ah ! ce sera fort gai ! Et encore, veuille le ciel ne pas vous réserver autre chose qu’un discours politique et qu’un sermon franciscain !

— Eh ! qu’ai-je donc à craindre ?

— Un épithalame, Sire !

Le roi devint tout rouge, brusquement, du cou aux tempes, comme une jeune fille qui reçoit en plein visage le propos d’un libertin.

Il dit vivement, d’une voix qui tremble :

— Explique-toi, mon Karl. Tout ce que tu as appris, raconte-le moi.

— Sire, je ne sais rien de précis, mais j’ai le soupçon qu’il se trame quelque chose d’assez inquiétant, et qui ne sera point du goût de Votre Majesté.

— Quels sont tes soupçons ? Dis-les.

— La reine Thécla est arrivée à Nonnenbourg, de nuit, inattendue, et elle a pénétré dans la Résidence, furtivement, sans que les trompettes