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LE ROI VIERGE

aient sonné ni que les tambours aient battu aux champs.

— Ma mère est un esprit sévère qui répugne au faste de l’étiquette.

— Ce que votre mère a voulu éviter, cette fois, ce n’est pas la pompe d’une réception officielle, c’est…

— Quoi donc ?

— La curiosité des courtisans et de la valetaille.

— Elle avait donc intérêt à cacher sa présence ?

— La sienne, non ; mais celle de deux personnes qui l’accompagnaient.

— Ma mère n’est pas revenue seule ?

— Vous savez, Sire, que j’ai le sommeil d’un oiseau et la démarche d’un chat ? Dans la nuit d’avant-hier, j’ai entendu s’ouvrir lentement l’un des grands portails du Château. Qui venait à pareille heure ? Vous, peut-être. Je sautai de mon lit, et je descendis en m’habillant. Sous la voûte, des ombres s’avançaient, précédées du castellan, qui élevait une lanterne ; je me tins coi, près du mur, dans l’ombre, à côté de la grosse pierre de Maximilien-Christophe. Je reconnus votre mère, et je distinguai deux femmes qui marchaient derrière elle.