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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/183

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FRÉDÉRICK

— Tu les a reconnues aussi ?

— Hélas ! sire, on y voyait à peine, et les deux femmes étaient vêtues comme les pénitentes le jour de la fête de Toutes-les-Âmes. J’ai seulement deviné que l’une des arrivantes, dont la tête vacillait sous le voile, était quelque très vieille personne, tout à fait les façons et la démarche d’une vénérable duègne.

— L’autre ? demanda le roi.

— L’autre s’avançait résolument, avec un air de s’amuser de tout ce mystère, légère, presque sautillante ; son voile, à la hauteur des yeux, avait deux petites rondeurs claires, très vives, et la dentelle s’enflait comme si l’on eût ri dessous. Il n’y avait pas à en douter : dix-huit ans environ.

Le roi devint plus rouge, en détournant la tête.

— Le lendemain, dit-il, tu t’es informé ?

— Votre Majesté n’en doute pas ! Mais aucun être vivant n’avait vu les deux mystérieuses personnes, sinon le castellan, à qui l’on avait fait la leçon sans doute, car il m’a répondu : « Vous avez rêvé, monsieur Karl ! » Alors je me suis mis en quête moi-même ; il n’y a pas une salle de la Résidence, pas un pavillon des jardins, où je ne sois entré, où je n’aie fureté. Vainement.