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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/184

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LE ROI VIERGE

Le désert, le silence : ce qui reste après une disparition de fantômes.

— Elles étaient reparties ?

— Je suis parfaitement convaincu du contraire !

— Cependant…

— Oh ! Sire, vous devinez bien qu’il y a des appartements où je n’ai pas pu pénétrer.

— Lesquels ?

— Ceux de la reine Thécla !

— Tu crois que ces deux femmes sont chez ma mère ?

— Si je le crois ? j’en suis sûr. Vous savez, qu’il y a un orgue dans l’oratoire de la reine ?

— Oui.

— Eh bien, hier soir, comme je faisais le guet sous les fenêtres de l’oratoire, j’ai entendu…

— Ma mère joue de l’orgue, parfois.

— Mais ce qu’elle joue, c’est presque toujours quelque morne psaume ou l’un des religieux andantes où se lamente l’âme de Pergolèse. Sire ! j’ai entendu l’allégro des fiançailles du Chevalier-au-Cygne !

Le roi fut secoué d’un frisson. Il se mit à marcher çà et là sur la neige. Parfois, il se pre-