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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/186

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LE ROI VIERGE

et tombent, ivres et morts, dans l’extase d’un chant suprême. Il est peu probable que vos ministres vous poursuivent jusque dans ce pays-là pour vous signaler les mauvais desseins des nationaux-libéraux, et votre mère se gardera bien de vous y amener des fiancées. Voilà qui est dit ! Partons ! Ah ! mais, j’y songe, ajouta Karl en se grattant du bout d’un ongle le bout du nez, qu’adviendra-t-il de Hans Hammer quand nous ne serons plus là ? Tout le monde n’éprouve pas pour ce grand homme l’affection enthousiaste que le roi lui a vouée ; pour ma part, je connais une reine, quatre ministres et deux cents députés qui n’attendent que l’occasion favorable de l’envoyer en exil, deux ou trois mille compositeurs de musique qui ne manqueront pas de le siffler dès que Votre Majesté ne l’applaudira plus, et un nombre considérable de juifs, accru d’un certain nombre de jésuites, tous gens de fort méchante humeur, entre les mains de qui je ne lui conseille pas de tomber, le soir, au coin d’un bois.

— Tu dis vrai en riant, répondit Frédérick, tout pensif. Je ne peux pas abandonner ma tâche avant que mon œuvre soit achevée ; il faut